« ...
Une époque où l'histoire semble s'être arrêtée et où pourtant elle
avance sans les hommes, inexorablement, à l'aveugle. Une époque où
chacun peut se sentir en déshérence alors que le mouvement du
monde prend une consistance nouvelle, inconnue (il y a
"enrichissez-vous" ; il y a les nouvelles machines industrielles ; il y a
l'arrivée en grand nombre des petits hommes dans les villes...).
Ce monde est contraignant, et pourtant chacun s'y sent flotter sans
principes. Dans la jeunesse, un nihilisme souvent sinistre, parfois
joyeux, ou plutôt cyclothymique. On n'y croit plus. Aucune
raison de s'enthousiasmer concrètement, de se mouiller dans ce
monde-là. On s'enthousiasme donc pour soi-même. On se réfugie dans les
valeurs secrètes (la passion, la musique, la nature), ou dans
les paradis artificiels. La jeunesse devient un mythe pour
elle-même, à l'abri du monde discrédité des adultes, soudain devenus des
vieux. La jeunesse fait bloc dans sa solitude.
... »
Jean-Pierre Vincent, qui souligne "l'actualité vivace du théâtre de
Musset"
propos cités par Romain Lancrey-Javal, dans l'édition de la pièce
"On ne badine pas avec l'amour" dans la collection Classiques Hachette,
1993, pages 150-151