Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du
petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que
ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe),
quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie
m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.
(...)
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (...), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, (...) toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (...), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, (...) toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Première partie "Combray", I
in A la recherche du temps perdu, tome I
1913, Gallimard, La Pléiade, 1987, pages 46-47
in A la recherche du temps perdu, tome I
1913, Gallimard, La Pléiade, 1987, pages 46-47
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